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Danse et histoire de la Ballroom avec mother LaBeija

En ce début d’année, nous sommes partis à la découverte d’un univers peu connu et qui commence à se dévoiler depuis quelques années. Pour comprendre ses règles et ses codes, Hanzy Keat LaBeija, mother Suisse de la House LaBeija, a accepté de nous éclairer sur ce monde méconnu, celui de la Ballroom.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Jayson mais dans ma communauté je suis connu sous le pseudo de Hanzy Keat LaBeija. Je suis danseur à la base et je participe à des Balls. J’ai découvert la Ballroom en 2010 mais jusqu’en 2012, je n’y connaissais rien. C’est durant un voyage à New York que j’ai vraiment pu m’imprégner dans cette culture.

Qu’est-ce que la Ballroom ?

La Ballroom est un mouvement qui est né dans la communauté LGBTQ afro-américaine. La Ballroom tel qu’on la connaît de nos jours est née dans les années 60. A la base, c’était un lieu où pouvait se réunir la communauté LGBTQ. Les gens pouvaient se déguiser, se maquiller et défiler sans avoir peur d’être jugé pour qui ils étaient. Les seules remarques qui étaient dites portaient sur la confection et le justesse de la réalisation. Car participer à un Ball c’étaient avant tout participer à un concours. Avant de connaître cette culture, j’étais quelqu’un de très fermer. Grâce à la Ballroom j’ai pu accepter qui je suis.

Sur quoi porte ces balls ?

Il y a plusieurs catégories qui représentent les différentes facettes de la communauté. L’utilité des catégories est de pouvoir donner l’opportunité aux participants d’exprimer leur potentiel et leur créativité. Grâce à cela, ils pourront se lancer dans des domaines comme la danse, le maquillage ou encore la mode. Il y a de plus en plus de catégories mais si je devais citer les principales ça serait le Runway, Realness, Body, Drag Queen, Face, Bizzare, Butch Queen, Old Way, Labels et Best Dressed. Il y en a encore des dizaines qui peuvent toutes être remportées, à condition d’être le meilleur face aux autres House.​

Qu’est-ce qu’une house ?

Aujourd’hui, une house c’est plus un crew ou à un clan pour lequel on va se battre afin de lui faire gagner de la notoriété. Mais à l’époque ce nom de house avait un tout autre sens. Dans les années 60, 70, 80, beaucoup d’homosexuelles sont rejetés par leurs familles. Les conséquences étaient souvent terribles. La plus part, n’ayant ni foyer ni finance, deviennent dealers ou prostitués. Les mothers et fathers (Les leaders des houses) recueillaient ces enfants, prenaient soins d’eux, telle de vraies mères et père, et les présentaient au reste de la communauté Ballroom. La house était donc souvent composée de plusieurs autres personnes qui avaient le même vécu.
Une mother est un guide qui va plutôt initier une personne à cet univers et qui lui transmettra son savoir. Dans mon cas, je suis la mother Suisse de la house LaBeija, qui est l’une des toutes premières houses à avoir été créée par Crystal LaBeija. Il y aussi d’autres houses comme Mizrahi, Ninja, Xtravaganza, Revlon ou Ladurée, qui est la première house française.

Quelle relation ont les houses ont entre elles ?

Il a toujours une compétitions mais ça reste bonne enfant. Il est déjà arrivé qu’il y ait des débordements, mais souvent ça finit par une exclusion.​

Quelles sont les règles des Ballrooms ?

A chaque Ball, il y a un thème et toute la soirée gravite autour de ce thème. Pour parler des règles, il faut que j’explique la structure. Quand le Ball commence, il y a une LSS (Legends Statements and Stars), c’est une introduction des gens pour définir qui est dans quelle house. Après le LSS, le Ball peut débuter avec les battles. Là, c’est le travail du MC et des DJs qui commence. Pendant tout le Ball c’est eux qui vont mettre l’ambiance et rythmer la soirée pour que les spectateurs ne s’ennuient pas. Les personnes s’affrontent généralement deux par deux devant un jury composé de grandes mother ou father de plusieurs houses différentes.

Il y a parfois des invités spéciaux dans le jury comme Jean-Paul Gaultier, Léa Castel, Yves Saint-Laurent, etc.… Lorsque les catégories commencent, les participants doivent avoir des tens (des notes de 10/10) pour pouvoir passer. Le jury désigne du doigt la personne à qui ils veulent donner leur vox. Les critères de jugement sont la précision, la créativité, l’attitude et bien d’autres choses encore. Suite aux votes, des trophées sont distribués aux différents vainqueurs des catégories, qui remporte aussi du prestiges face aux différentes houses représentés. Dans le cas d’un Kiki Ball les règles sont pareilles.

Est-ce qu’aujourd’hui en Suisse il y a une communauté Ballroom ?

Alors non, même s’il y a déjà eu un Kiki Ball en 2016 à Lausanne. Mais il y avait peu de gens de la communauté. Avec une amie on veut vraiment se lancer et créer un Ball durant l’année 2019. Comme nous sommes assez présent sur la scène européenne, on sait déjà qu’il y a beaucoup de gens qui vont venir nous aider et participer.

Comment tu imagines l’avenir des Ballrooms ?

Je pense que ça sera toujours là mais que ça restera quelque chose d’underground.

Quelle serait ton souhait pour ton avenir dans ce milieu ?

Ça serrait de fonder un chapter Suisse LaBeija et organiser des événements comme un Ball.