Il serait facile de passer devant sans la voir, et pourtant, une fois à l’intérieur elle paraît évidente : la galerie Espace Muraille se niche dans un grand mur de pierre, place des Casemates à Genève. L’écrin précieux couve des expositions d’artistes contemporains de renommée internationale.
Depuis fin janvier et jusqu’au 28 avril, elle accueille l’artiste danois Olafur Eliasson pour 16 oeuvres représentatives de ses thématiques de prédilection : la perception du temps, du mouvement et de l’espace autour des phénomènes naturels sensibles.
La première salle donne doucement le vertige. Si l’agencement est chaleureux (le blanc des murs ne tente pas de nous avaler, les oeuvres semblent s’activer en jeux techniques une fois le seuil franchi) c’est aussi car l’artiste semble nous prendre par la main. Le but de ce dernier est de nous intégrer dans son processus créatif, de nous immerger dans ses installations.
Force est de constater que cela fonctionne. Nous voilà en train de nous contorsionner, tenter de découvrir chaque rouage. Un rien nous donne envie de toucher, démonter, comprendre. Ses installations dites expérimentales troublent nos perceptions. Il nous faut envisager chaque nouvel angle d’observation.
Ici, la réflexion et la réfraction créent la contorsion, les froncements de sourcils et les allers-retours entre chaque structure, histoire de renouveler les angles de vue. La balade est donc méditative et active.
Les matières et les médias se multiplient. Le verre, l’aluminium, l’inox, les miroirs grossissants, le bois, les LED, et la peinture à l’huile se côtoient et intéragissent sans s’éclipser. Le jeu des superpositions, le contrast rythmique entre l’expérimentation et le calme de l’acquarelle dans la continuité de la pièce ne cessent de nous saisir.
L’étage inférieur nous réserve une surprise : Object defined by activity est une salle obscure où s’animent, par la force des strobocopes, des fontaines par saccades. Les lumières semblent suspendre l’eau, alors que le bruit de l’écoulement nous ramène, encore une fois, au mouvement volontairement imperceptible. En sortant de la galerie, un seul doute nous assaille… Le temps ce serait-il donc arrêté ?